Anticiper pour préempter : la nécessité de regarder au moins à 5 Ans
Les capacités de l'IA et plus généralement de la technologie évoluent à une vitesse fulgurante. La conséquence est simple, il est impératif de ne pas appréhender leurs évolutions avec notre regard actuel. Pour profiter pleinement de leur potentiel et être prêts au regard de leurs implications, nous devons absolument projeter notre vision à au minimum cinq ans. Il en va de même avec toutes les ruptures et les transformations sociétales et environnementales à venir.
Regarder les capacités actuelles de l'IA est une erreur stratégique. Les avancées technologiques que nous observons aujourd'hui ne sont que la pointe de l'iceberg de ce qu'elles seront. En cinq ans, les développements en matière de machine learning, d'algorithmique et de puissance de calcul auront transformé l'IA de manière exponentielle même si quelques incertitudes demeurent. Ne pas anticiper ces changements nous rend aveugles aux opportunités comme aux menaces qui se profilent à l'horizon. Il est crucial pour les entreprises, les gouvernements et les individus d'adopter une vision prospective, en s'efforçant de comprendre et de préparer les ruptures à venir.
Cette perspective à long terme doit également s'étendre aux transformations sociétales et environnementales. La crise climatique, les inégalités sociales et économiques, ainsi que les défis démographiques exigent une approche proactive. Il ne s'agit pas seulement de réagir aux crises une fois qu'elles sont présentes, mais de les anticiper et de les gérer avant qu'elles ne deviennent insurmontables. En planifiant au minimum à cinq ans, nous pouvons développer des stratégies robustes et adaptatives qui permettent de se mouvoir dans un environnement en constante mutation.
S'inscrire dans une perspective à long terme est loin d'être naturel pour nous, humain. Notre cerveau est câblé pour privilégier l'instant présent, souvent au détriment de la planification future. Cette difficulté à envisager le long terme est un obstacle majeur qui conduit fréquemment à des décisions myopes et réactives. Ignorer la nécessité de cette projection temporelle nous conduit inévitablement vers un mur, où les crises technologiques, sociétales et environnementales nous submergeront avant que nous ayons eu le temps de nous adapter. Pour éviter ce piège, il est essentiel de cultiver une culture de l'anticipation et de la prospective, d'encourager les dirigeants à penser au-delà de l'immédiat et de préparer activement l'avenir.
Spécifiquement sur la technologie, cette myopie peut avoir des conséquences lourdes, tant pour les entreprises que pour les décideurs publics à minima pour trois raisons :
L'accélération exponentielle du progrès technologique : les avancées en IA, robotique, biotechnologies ou nanotechnologies suivent des courbes exponentielles. Ce qui semble futuriste aujourd'hui sera probablement banal dans 5 ans.
L'effet de disruption sur les modèles établis : les innovations de rupture peuvent rendre obsolètes des pans entiers d'activité en quelques années. Anticiper ces bouleversements est vital pour s'y préparer.
Le temps nécessaire à l'adaptation : les organisations et la société ont besoin de temps pour s'adapter aux mutations profondes. Attendre le dernier moment est souvent synonyme d'échec.
S’inscrire dans une vision prospective ne serait-ce que tendancielle est complexe pour nous. Développer cette capacité et une appétence en la matière est possible. Sans soucis d’exhaustivité, ouvrez-vous à l’information issue d’experts (si possible des vrais), pratiquez la pensée exponentielle, encouragez la créativité et l’imagination, essayez, tentez sans peur de l’échec et diffusez autour de vous. L’éducation devrait encourager dès le plus jeune âge cette capacité et l’enseigner.
L’inaction est la matrice de tous les maux et elle n’offre aucune perspective si ce n’est de l’anxiété. Perte de compétitivité économique, inadaptation des politiques publiques, creusement des inégalités et vulnérabilité face aux crises futures ne sont que de simples exemples de conséquences.
Adopter une vision à moyen et long terme est non seulement une nécessité stratégique mais surtout une responsabilité collective. Pour préempter les ruptures technologiques, sociétales et environnementales, nous devons dépasser notre inclination naturelle pour le présent et embrasser une approche prospective et ouverte. C'est en regardant au-delà de l'horizon immédiat que nous pourrons véritablement façonner l'avenir que nous désirons, plutôt que de subir les bouleversements qui s'annoncent.
Il vaut mieux s’occuper du changement avant qu’il ne s’occupe de nous !
Derrière l’IA, les data centers
Pour répondre aux immenses besoins de ChatGPT et autres outils d’IA dont ceux développés par les entreprises, le secteur technologique multiplie les centres de données plus connus sous le nom de data center. Ces infrastructures numériques se multiplient dans le monde entier et elles deviennent de plus en plus puissantes et énergivores. C’est une des faces cachées de l’IA comme les mathématiques, les réseaux, les matières premières, les données et les humains. Derrière les paillettes des IA génératives, il existe des serveurs, plus exactement des gigantesques quantités de serveurs.
« Après l’étincelle du numérique puis la flamme du cloud, l’intelligence artificielle allume le feu. La demande et les investissements sont incroyables », s'enthousiasme Charles Meyers, patron d’Equinix, un des principaux opérateurs mondiaux de data centers. Sundar Pichai, CEO de Google, a récemment déclaré que les besoins en calcul informatique pour l’IA ont été multipliés par un million en six ans et continuent de croître chaque année. En réponse, des géants comme Amazon, Microsoft, Google et Meta (Facebook, Instagram) prévoient d'investir 200 milliards de dollars en nouvelles infrastructures en 2024, une hausse de 45 % par rapport à 2023 et de 180 % par rapport à 2019, selon Bernstein Research. Les dépenses en serveurs dédiés à l’IA devraient quintupler entre 2022 et 2025, passant de 25 à 125 milliards de dollars par an, notamment en raison des prix élevés des processeurs spécialisés (Nvidia et TSMC en profitent).
Les entreprises GAMAM (Google, Amazon, Microsoft, Apple, Meta) continuent d'investir massivement dans leurs infrastructures cloud pour répondre à la demande croissante en services d'IA. Voici quelques chiffres d’investissements pour 2024 / 2025 :
Microsoft : 52 / 55 milliards de dollars .
Google Cloud : 49 / 52 milliards de dollars
Meta : entre 35 et 40 / 40 milliards de dollars
Amazon : environ 55 / 55 milliards de dollars
En 2024, Amazon, Microsoft, Google et Meta prévoient d'investir collectivement 200 milliards de dollars (186 milliards d'euros) dans de nouvelles infrastructures. Cet investissement représente une augmentation de 45 % par rapport à 2023 et de 180 % par rapport à 2019. Ces chiffres illustrent l’énorme difficulté voire l’impossibilité d’apparition d’un nouvel acteur aussi puissant dans le futur. La barrière à l’entrée est extrêmement élevée et la rareté des puces à très haute performance et leurs prix ferment d’autant plus le marché.
Les pays sont également en compétition en proposant entre autres des prix énergétiques remisés afin d’attirer la manne financière de ces investisseurs pour construire des datacenters et générer quelques emplois. Voici quelques investissements géolocalisés :
Amazon : 15,7 milliards d’euros en Espagne, 7,8 milliards d’euros en Allemagne, 1.2 milliards en France et 8,2 milliards d’euros à Singapour.
Microsoft : 4 milliards d’euros en France, 2,95 milliards d’euros en Suède, 3,2 milliards d’euros en Allemagne, 2,67 milliards d’euros au Japon, et 1,4 milliard d’euros aux Émirats arabes unis.
Google : 4,66 milliards d’euros à Singapour, 1,85 milliard d’euros en Malaisie, et près d’un million d’euros au Royaume-Uni.
Un boom énergétique
Cette course à l’IA impose de répondre à des questions énergétiques prégnantes. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), une requête sur ChatGPT consommerait dix fois plus d’électricité qu’une recherche classique sur Google. Selon Equinix, une baie de GPU dédiée à l'IA consomme six à neuf fois plus d'électricité qu'une baie de processeurs classiques utilisés pour d'autres services cloud. « Ces GPU représentent moins de 10 % des processeurs dans nos data centers, mais déjà bien plus de 10 % de notre consommation électrique. Et cette part va augmenter », avertit M. Meyers.
L'électricité, qui constitue 30 % à 50 % des coûts des data centers, est leur principal poste de dépense. La demande énergétique croît rapidement : aux États-Unis et en Corée du Sud, des projets de campus de 1 GW, équivalents à un réacteur nucléaire, sont en cours. Selon l'AIE, les besoins électriques mondiaux de l'IA et des cryptomonnaies devraient passer de 460 TWh en 2022 (2 % de la consommation) à 620 TWh ou 1 050 TWh en 2026. Aux États-Unis, où se trouvent un tiers des data centers mondiaux, la consommation devrait passer de 200 TWh (4 %) à 260 TWh (6 %). En Europe (16 % des data centers), la demande passerait de 100 TWh (4 %) à 150 TWh, et en Chine (10 % des data centers), de 200 TWh à 300 TWh. En France, la croissance attendue est spectaculaire : RTE prévoit une consommation annuelle de 15 TWh à 20 TWh pour les data centers en 2030, puis 28 TWh en 2035, contre 10 TWh aujourd'hui. Cette consommation pourrait atteindre 80 TWh si tous les projets récents étaient réalisés et si les data centers utilisaient toute leur puissance disponible, actuellement mobilisée à 20 % à 40 %. RTE se veut rassurant quant à la capacité à couvrir cette demande, grâce à l'augmentation de la production d'électricité et de l'efficacité énergétique, mais souligne la nécessité de développer le réseau électrique pour accompagner cette expansion. En Irlande, les data centers consommeront un quart de l'électricité nationale en 2026.
Pour éviter une impasse énergétique, des acteurs de la tech se tournent vers le nucléaire. Amazon a acquis un campus de data centers près de la centrale de Susquehanna, assurant une puissance de 900 MW. D'autres, comme Equinix, envisagent d'intégrer des mini-réacteurs nucléaires (SMR) dans leurs centres. Microsoft a recruté des experts de l'industrie nucléaire et Bill Gates a investi dans Terra Power, tandis que Sam Altman a investi dans Oklo. Google DeepMind, Jeff Bezos et Sam Altman soutiennent également la fusion nucléaire qui est vue comme une source d'énergie illimitée et propre.
Bémol, la construction de centrales nucléaires prend des années, alors que les besoins en IA sont immédiats. Par exemple, en France, la relance du nucléaire avec six projets de réacteurs EPR est une réponse partielle. Des initiatives locales, comme celles d'Etix Everywhere, visent à éviter la saturation en développant des data centers de proximité. Les mises en garde contre une expansion non planifiée se multiplient. Une non-concertation fragiliserait le réseau et tous les consommateurs.
Pour répondre à ces défis, des efforts d'efficacité énergétique et des investissements dans les énergies renouvelables sont essentiels. Amazon, qui se vante d’être le premier acheteur mondial de projets éoliens et solaires, et Microsoft investissent massivement dans des projets éoliens et solaires.
Face aux préoccupations croissantes, certains plaident pour une IA plus frugale et spécialisée. Des initiatives pour évaluer l'impact environnemental des IA émergent, avec l’objectif de promouvoir des technologies plus sobres. En outre, les géants du numérique s'engagent dans des projets de récupération de chaleur et de modulation de la consommation électrique pour minimiser leur empreinte. Une autre voie peu populaire est possible à savoir une diminution voire une régulation des usages.
L’IA n’existe et se développera que grâce à cet écosystème qui nécessite de plus en plus d’énergie qui elle-même ne se “fabrique” pas sans effort dans un contexte de demande globale en croissance. L’équilibre semble complexe à maintenir surtout en regardant le sujet de façon systémique. Assisterons-nous à une verticalisation de l’industrie de l’IA allant jusqu’à la fabrication de l’énergie pour leur propre besoin ? Les géants de l’écosystème de l’IA en ont les moyens financiers donc … A plus long terme, des solutions plus ambitieuses non sans contreparties commencent à émerger dans les discussions comme des data center dans l’espace. Vous l’aurez compris, le futur et en particulier celui de l’IA est lié à celui de l’énergie donc à chacun de nous de par nos usages et arbitrages. Soyons lucides et acteurs de nos futurs !
ByteDance s'associe à Broadcom pour développer une puce AI avancée
ByteDance, la société mère de TikTok, s'engage dans une collaboration avec le concepteur américain de puces Broadcom pour développer un processeur d'IA de pointe. Cette collaboration vise à garantir un approvisionnement stable en puces haut de gamme dans un contexte de tensions persistantes entre les États-Unis et la Chine. Le projet porte sur une puce de 5 nanomètres (ce qui est plus grand que les 2 à 3 nanomètres des plus petites actuelles) et surtout elle sera conforme aux restrictions d'exportation américaines. Sans surprise, la fabrication de cette puce sera confiée à la société taïwanaise TSMC qui a plus de 80% du marché.
L’originalité de cette collaboration repose sur la nationalité des deux groupes. C’est l’une des premières alliances entre des entreprises chinoises et américaines impliquant une technologie avancée depuis l'instauration des contrôles à l'exportation sur les semi-conducteurs de pointe par Washington en 2022. Pour ByteDance, ce partenariat est crucial pour soutenir ses ambitions en matière d'IA et rester compétitive. L'entreprise cherche à améliorer ses algorithmes et à renforcer les capacités de ses applications populaires telles que TikTok, Douyin et Doubao. Cela lui donne un avantage stratégique par rapport à d'autres entreprises chinoises qui pourraient être plus limitées dans leur accès aux technologies de pointe. Et face à la concurrence accrue des géants technologiques américains comme Meta, Microsoft et Google dans le domaine de l'IA, ByteDance s'efforce de rester dans la course de l'innovation. Cette alliance entre ByteDance et Broadcom illustre parfaitement la complexité des relations technologiques sino-américaines et ouvre la voie à de futures collaborations malgré les tensions géopolitiques.
La RIAA lance une action en justice contre les leaders de la musique générée par l'IA
L'industrie musicale va devoir faire des choix cruciaux. Elle est confrontée à une révolution technologique qui menace de redéfinir les fondements mêmes de la création artistique. La récente action en justice intentée par la Recording Industry Association of America (RIAA) contre les startups d'IA Suno et Udio l’illustre parfaitement.
Cette démarche juridique n'est pas juste une querelle entre géants de l'industrie et innovateurs technologiques. Elle soulève des questions clés sur la nature de la créativité, la valeur de l'art et les droits des artistes à l'ère numérique. En réclamant 150 000 dollars par chanson prétendument copiée, la RIAA envoie un message très clair : l'utilisation non autorisée d'œuvres protégées pour entraîner des modèles d'IA ne peut être tolérée. Les défenseurs de l'IA arguent que leur technologie ouvre de nouvelles frontières créatives, démocratisant la production musicale. Cette vision occulte une réalité plus sombre : l'appropriation massive d'œuvres existantes sans consentement ni compensation. L'argument de "l'usage loyal" avancé par certaines entreprises d'IA semble bien fragile face à l'ampleur de l'exploitation commerciale en jeu.
L'enjeu dépasse largement le cadre juridique. Il s'agit de préserver l'intégrité de l'écosystème musical, où l'innovation technologique doit coexister avec le respect des droits des créateurs. Comme le souligne Mitch Glazier, PDG de la RIAA, une IA véritablement innovante ne peut émerger que d'une collaboration responsable entre développeurs et artistes. Cette action en justice n'est pas un rejet en bloc de l'IA dans la musique selon lui. Au contraire, elle appelle à un cadre éthique et légal qui protège les droits des artistes tout en encourageant l'innovation. L'industrie musicale a toujours su s'adapter aux évolutions technologiques, du vinyle au streaming. L'ère de l'IA ne fait pas exception (toujours selon lui), mais elle exige un équilibre délicat entre progrès et préservation de la valeur artistique (et c’est spécifiquement en cela que c’est différent du passé). Le verdict de ce procès (comme celui entre le New York Times et OpenAI) aura des répercussions bien au-delà de l'industrie musicale. Il établira un précédent pour l'utilisation de l'IA dans tous les domaines créatifs. L'avenir de l'art à l'ère numérique est en jeu.
Cette bataille juridique n'est pas seulement une question de droits d'auteur ou de technologie. C'est une lutte pour l'âme même de la création artistique à l'ère de l'IA. L'issue de ce conflit façonnera évidemment l'avenir de l'industrie musicale, mais aussi notre compréhension de ce qui constitue l'art et la créativité dans un monde de plus en plus dominé par les machines.
A suivre …
Première publicité réalisée par Sora
Toy’r us est la première enseigne a avoir utilisé Sora (IA génératives d’OpenAI permettant à partir de prompts de générer des vidéos de une minute de grande qualité. Sora n’est pas disponible pour l’instant, seuls quelques privilégiés peuvent l’utiliser). Pour la visualiser, il faut cliquer sur le bouton :
Qu’en pensez-vous ? Imaginez le futur avec des IA capables de faire bien mieux dans les mains de très nombreuses personnes … Bien des industries changeront et nos comportements aussi …
Cognify, la nouvelle “prison”
Hasheem Al-Ghaili, scientifique visionnaire et vulgarisateur de la science, a présenté récemment un concept novateur qui s’il devient réel un jour transformera radicalement le système pénal. Ce projet (Cognify), encore à l'état de concept, propose une approche digne des meilleurs ouvrages de science-fiction pour la réhabilitation des criminels en utilisant des souvenirs générés par l'IA. Le principe de Cognify est « simple » en apparence, mais d'une complexité technologique et éthique considérable. Au lieu de condamner les criminels à des années de détention, Cognify propose “d'injecter” dans le cerveau des sujets des souvenirs fabriqués par IA. Ces souvenirs personnalisés seraient conçus pour provoquer une réhabilitation profonde et durable, réduisant ainsi les risques de récidive.
Le système pénal actuel est souvent critiqué pour son inefficacité en matière de réhabilitation. Les prisons surpeuplées et les taux élevés de récidive indiquent que la punition par l'incarcération ne fonctionne pas toujours comme prévu. Cognify s’engouffre dans cette brèche en proposant une alternative radicale : en modifiant les souvenirs d'un individu, on pourrait potentiellement reprogrammer ses comportements et ses attitudes, le rendant ainsi moins susceptible de commettre de nouveaux crimes.
Ce concept soulève de nombreuses questions éthiques. Modifier les souvenirs d'une personne touche à l'essence même de son identité et de son libre arbitre. Qui décidera des souvenirs à implanter ? Quels critères seront utilisés pour juger de la « réhabilitation » réussie d'un individu ? Est-il juste de remplacer des années de réflexion et de rédemption par une expérience artificielle de quelques minutes ? Ce système pourrait être détourné à des fins de contrôle social, ouvrant la porte à des abus potentiels. La frontière entre réhabilitation et lavage de cerveau devient dangereusement floue. Avec un soupçon d’imagination, des systèmes de récupération des souvenirs pourraient exister suite à une sauvegarde permettant ainsi à un criminel de revenir à son état initial et de reproduire ses méfaits sans perdre de temps …
Ouvrons nos perspectives, malgré des défis technologiques et d’impacts sur nos cerveaux, Cognify représente une innovation à étudier dans le domaine de la justice pénale. Si la technologie et les protocoles éthiques appropriés peuvent être développés, ce concept offrirai une solution plus humaine et plus efficace pour la réhabilitation des criminels. En transformant l'approche punitive actuelle en une approche centrée sur la réhabilitation et la non récidive, une telle solution contribuerai à une société plus sûre et plus juste.
Compte tenu des enjeux, il est indispensable que des scientifiques, des ingénieurs, des éthiciens, des juristes et des représentants de la société civile s’emparent du sujet rapidement. C'est uniquement par un dialogue inclusif et éclairé que nous pourrons explorer pleinement le potentiel de cette innovation tout en évitant les pièges éthiques et pratiques tout en respectant les droits et la dignité des individus. Nos futurs se construisent aujourd’hui en commençant par les idées.
Un médicament force les industriels de l’alimentation a fuir la mal bouffe !
Le succès fulgurant des médicaments contre l'obésité aux États-Unis est en train de bouleverser non seulement le paysage pharmaceutique, mais aussi l'ensemble de l'industrie alimentaire. Cette révolution médicale, portée par des traitements comme l'Ozempic, le Wegovy et le Zepbound, redéfinit notre approche de la gestion du poids et de la santé métabolique. Ces médicaments, initialement conçus pour traiter le diabète de type 2, se sont révélés remarquablement efficaces pour la perte de poids, permettant des réductions allant jusqu'à 20%. Selon une étude publiée dans le New England Journal of Medicine, les patients prenant Wegovy ont perdu en moyenne 15.3 kg par rapport aux 2.6 kg perdus par ceux sous placebo sur une période de 68 semaines. Leur mécanisme d'action, qui imite une hormone gastro-intestinale régulant l'appétit, a suscité un engouement sans précédent, faisant d'eux les nouveaux "coupe-faim miracle" de l'Amérique.
L'accessibilité de ces traitements reste un défi financier. Avec des prix avoisinant les 1000 dollars par mois, ils restent hors de portée pour de nombreux américains, en particulier pour ceux qui ne bénéficient pas d'une couverture d'assurance adéquate. L'impact de ces médicaments s'étend bien au-delà du secteur pharmaceutique. Les fabricants de produits alimentaires, en particulier, se trouvent face à un changement de consommation induit. L'adoption rapide des médicaments anti-obésité a des répercussions directes sur les habitudes de consommation et, par conséquent, sur les fabricants de nourriture. Les entreprises qui produisent des aliments transformés riches en calories, en sucres et en graisses subissent un changement de comportement de la part des consommateurs qui cherchent à maintenir leur perte de poids et leur santé améliorée.
Le marché de la nourriture transformée aux États-Unis est immense, avec des chiffres d'affaires de plusieurs milliards de dollars chaque année. Mais des entreprises comme PepsiCo, Coca-Cola, et Kraft Heinz commencent à ressentir les effets de ce changement. En 2023, PepsiCo a rapporté une baisse de 3% de ses ventes de snacks sucrés et salés, attribuant en partie cette diminution à une prise de conscience accrue de la santé parmi les consommateurs. Parallèlement, les fabricants d'aliments sains et de substituts alimentaires bénéficient de cette tendance. Par exemple, Beyond Meat et Impossible Foods, qui produisent des alternatives végétales à la viande, ont vu une augmentation de leurs ventes, respectivement de 20% et 15% en 2023, alors que les consommateurs recherchent des options alimentaires plus saines.
Les géants de l'agroalimentaire pourraient voir leurs ventes diminuer drastiquement, en particulier dans les segments des aliments transformés et à haute teneur calorique. Cette situation les pousse à innover rapidement, en développant des gammes de produits plus sains et moins caloriques pour s'adapter à cette nouvelle réalité du marché. Ce phénomène pourrait accélérer la tendance vers une alimentation plus équilibrée, nutritive et plus respectueuse de l’environnement. Les entreprises qui sauront s'adapter en proposant des options alimentaires alignées sur les besoins de cette nouvelle catégorie de consommateurs pourraient tirer leur épingle du jeu.
Il reste néanmoins à ne pas perdre de vue l'aspect médical de cette révolution. Comme le souligne le Dr Lydia Alexander, présidente de l'Obesity Medicine Association, la "glamourisation" de ces traitements ne doit pas occulter la nécessité d'une approche médicale sérieuse de l'obésité.
Les entreprises qui sauront s'adapter à ces nouvelles réalités en sortiront gagnantes, tandis que celles qui resteront ancrées dans le passé risquent de perdre des parts de marché significatives. Cette révolution pourrait bien conduire à une société plus saine et il est “amusant” de constater qu’un médicament change le marché alors que chaque individu en avait le pouvoir … Cela interpelle bien sûr et ouvre la voie à d’autres changements de la sorte pour nos excès.
Bonnes métamorphoses et à la semaine prochaine
Stéphane