Métamorphoses à l’ère de l’Intelligence Artificielle est en commande
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Vous vous interrogez sur les défis de l'IA pour notre société ? Vous voulez comprendre les transformations à l'œuvre avec la diffusion de cette technologie ? Ce livre est pour vous. En refermant cet ouvrage, vous pourrez être acteur des métamorphoses auxquelles l'IA nous confronte. Que vous soyez novice ou expert, vous ressentirez les changements et vous aurez la capacité à vous positionner avec conscience et discernement.
Nous serons les futures données de l’IA
Les géants comme Meta, Google, OpenAI, Anthropic et xAI ont bien compris que la prochaine révolution de l'IA dépendra de l'accès à des sources de données singulières, exclusives, et qualitativement riches. Meta est particulièrement gâtée avec Facebook et Instagram. Google capitalise sur les données issues de ses services médiatiques et de ses multiples plateformes de contenu et xAI évidemment sur X. OpenAI a récemment conclu des partenariats stratégiques avec des institutions médiatiques de renom, telles que le Financial Times ou Le Monde. Tout ceci n’est qu’une illustration d’une tendance émergente : la valorisation et la structuration du savoir humain hors des limites du web libre.
Mais quelles sont ces nouvelles sources inexploitées susceptibles de nous précipiter dans une nouvelle ère de l’IA ? Il est essentiel de regarder au-delà des contenus numériques ordinaires omniprésents en ligne et d'explorer des domaines comme les films, les séries, les œuvres littéraires, mais surtout le savoir intime et les expériences subjectives de chaque individu. Le récent accord entre HarperCollins et une société d'IA pour exploiter des œuvres littéraires dans le cadre de l'entraînement de modèles en est un exemple. L’éditeur propose aux auteurs moyennant 2000 $ par ouvrage de permettre à l’IA d’utiliser le contenu du livre. L’éditeurs Wiley a vendu pour 20 millions de dollars l'accès à leurs ouvrages scientifiques. Les données d’usage des réseaux sociaux, bien que massives, restent confinées à l’observation des comportements numériques. Pour franchir un palier supplémentaire, il faut des données issues du monde réel comme nos habitudes, nos modes de pensée, et en particulier nos raisonnements. Cela représente un territoire encore peu exploré mais d’une richesse incroyable. Les IA doivent dépasser l’imitation superficielle de l'humain pour aspirer à une compréhension plus profonde des raisonnements complexes qui orientent nos actions : comment nous formulons des hypothèses, comment nous arbitrons des dilemmes et comment nous adaptons les connaissances théoriques à des contextes concrets. L'enjeu ne réside plus uniquement dans l’apprentissage à partir de ce que nous publions et des traces que nous laissons, mais dans la captation des dynamiques de nos raisonnements.
Vertigineux ? Certes mais inéluctable sauf si l’éthique ou la loi s’en mêlent. Nous assistons aujourd'hui aux prémices de cette quête avec l’émergence des "dresseurs d’IA". Ces personnes, dont la mission quotidienne consiste à interagir avec des IA, contribuent à la formation d'un corpus unique de données fondé sur l'interaction humaine et la transmission d'un savoir. En plus, les chercheurs s’efforcent de modéliser des scénarios de raisonnement en construisant des bases de données d’usages de théories mathématiques et scientifiques afin qu’elles puissent mieux raisonner. Toutes ces nouvelles données commencent à offrir aux IA une forme de recul, une capacité à l'autoréflexion et à l’évolution critique. Cela permet de modéliser les nuances subtiles qui existent dans les processus de prise de décision humaine conduisant à un degré de raffinement inégalé aux réponses des machines.
Allons plus loin avec les implants neuronaux. Ces implants, bien sûr acceptés par des individus volontaires, permettraient de collecter en temps réel toutes les pensées, ressentis, et analyses directement à la source à l'instar de la série Westworld, mais à une échelle individuelle. Chaque être humain deviendrait alors un fournisseur potentiel de données d'une richesse inestimable, englobant non seulement ses actions et comportements, mais également la totalité de son vécu intérieur. Cela offrirait aux systèmes d'IA un accès direct aux émotions, aux processus de décision et aux raisonnements humains dans leur complexité la plus intime. Cette perspective soulève bien sûr des questions éthiques fondamentales : la vie privée, le consentement et l'appropriation des données mentales. Elle ouvre également des possibilités inédites pour comprendre et modéliser l'esprit humain avec une précision sans précédent. Les IA transcenderaient les simples corrélations comportementales pour atteindre une compréhension quasi phénoménologique de l'expérience humaine.
Continuons encore. Les implants neuronaux permettraient également de créer des interactions beaucoup plus fines entre l'humain et la machine. Imaginez une situation où chaque pensée ou chaque émotion pourrait être partagée, analysée et optimisée en temps réel par un système d'IA. Cela permettrait non seulement d'améliorer nos performances cognitives, mais aussi d'augmenter notre capacité d'empathie en nous donnant un aperçu des expériences intérieures d'autres individus. Nourries de ces informations extrêmement personnelles, les IA pourraient être capables de formuler des réponses qui tiennent compte non seulement des faits objectifs, mais également des sentiments subjectifs et des nuances affectives. Ces technologies pourraient transformer à plus long terme notre compréhension de la conscience et de la subjectivité, en rendant accessibles des dimensions de l'expérience humaine jusqu'alors impossibles à quantifier.
Pour les scientifiques, ces implants neuronaux pourraient servir à collecter des données en laboratoire sur la formation des raisonnements humains ce qui faciliterait les avancées dans le domaine de la psychologie cognitive et des neurosciences. L'étude des données collectées de manière aussi intime et complète pourrait ouvrir de nouvelles voies de recherche sur la nature de la prise de décision, les biais cognitifs et les mécanismes d'apprentissage. Par ailleurs, en analysant comment des individus distincts abordent la résolution de problèmes complexes, les IA pourraient apprendre à imiter des processus créatifs spécifiques ca qui amplifierait la capacité à générer des solutions innovantes dans des contextes variés, du design à l'ingénierie en passant par la stratégie économique.
Et dans 25 ans ? Voici cinq scénarios possibles en fonction des dynamiques IA :
Futur de la coopération augmentée : Les humains et les IA collaborent en symbiose et exploitent les capacités algorithmiques pour optimiser la résolution de problèmes complexes. Chaque individu dispose d'une IA personnelle, façonnée sur mesure pour répondre à ses besoins et ainsi devenir un véritable "dresseur d'IA". L'IA est alors un assistant omniprésent capable non seulement d'aider à la prise de décision rationnelle, mais également de conseiller sur des questions émotionnelles et existentielles. Le partenariat entre l'homme et la machine pourrait atteindre un niveau d'intégration jamais vu auparavant. Chaque individu est plus résilient et plus apte à naviguer dans un monde de plus en plus complexe.
Futur de la domination technologique : Les entreprises et les États ayant accès aux données les plus qualitatives consolident leur domination sur les marchés et dans les relations internationales. Le fossé entre ceux qui peuvent tirer parti des nouvelles IA et ceux qui en sont privés se creuse. Cela conduit à une fracture sociétale gigantesque. La concentration des données dans les mains de quelques acteurs économiques puissants crée une société à plusieurs vitesses où les opportunités seraient inaccessibles à une grande partie de la population. Cela conduit à une surveillance accrue où les données mentales collectées via des implants neuronaux sont utilisées pour manipuler et contrôler les individus.
Futur de l'abandon progressif : Une partie de la population choisit délibérément de se soustraire à l'utilisation des technologies avancées. Ce mouvement valorise les compétences humaines non assistées par la technologie et refuse l’omniprésence des IA dans la vie quotidienne. Ces communautés se structurent autour de valeurs telles que l'autonomie, la simplicité et la connexion directe avec la nature. Elles cherchant à préserver un mode de vie plus organique et moins médiatisé par la technologie. Ce choix d'abandon progressif de la technologie pourrait aussi être aussi une réaction à la perte de contrôle sur les données personnelles, voire sur les pensées, dans un monde où les implants neuronaux et les IA sont la norme.
Futur de la fusion cognitive : Les IA s'intègrent directement à notre cerveau non pas comme des parasites, mais en tant qu’extensions naturelles de nos capacités intellectuelles. Les frontières entre les processus de raisonnement humain et l’IA deviennent floues. Notre capacité à percevoir et à comprendre des concepts d’une complexité inédite s’amplifient. Dans ce futur, la notion même d'identité personnelle est remise en question car chaque individu est une entité hybride à la fois biologique et numérique. La fusion cognitive permet d'aborder des problèmes scientifiques et philosophiques avec une rigueur et une profondeur jusque-là impossibles. Chaque humain est une sorte de super intelligence collective car les IA alimentent en temps réel nos réflexions individuelles.
Futur de la création complète : Le rôle de l’humain se déplace vers la conception de nouvelles données et la création d’univers inédits. Les individus ne sont plus de simples consommateurs de contenus produits par de l’IA. Ils conçoivent à travers des plateformes interactives des mondes entiers construits par et pour des IA. Ces univers virtuels sont utilisés pour le divertissement et aussi pour des simulations scientifiques, des formations, et même des expériences thérapeutiques. L'humain est un "créateur de créateurs" car il participe activement à la construction d’IA capables à leur tour de générer des réalités alternatives où chaque aspect de l'existence peut être testé et exploré. Cela ressemble à Matrix sans la dimension énergétique …
Donnez votre avis sur les chances de les voir se réaliser :
Quel que soit le futur que nous choisirons de bâtir si nous devenons acteurs, nous devons réfléchir dès aujourd'hui à la manière dont les données que nous produisons et partageons transformerons les systèmes IA de demain et en retour, à la manière dont ces systèmes transformeront notre existence. L'enjeu dépasse de loin les seules considérations technologiques. Ces nouvelles sources de données, qu'elles proviennent des interactions humaines actuelles, des implants neuronaux ou de l'immersion dans des univers créés de toutes pièces, définissent l'essence même de ce que nous deviendrons en tant qu'espèce. Notre responsabilité est d'anticiper et de maîtriser ces transformations. Il faut garantir qu'elles servent l'ensemble de l'humanité et non une minorité privilégiée. Le défi est immense mais il il vaut mieux s’occuper du changement avant qu’il ne s’occupe de nous !
Deus in Machina : quand l'IA rencontre le Christ
Voici la scène : en suisse, à Lucerne, l'église Saint-Pierre qui est le plus vielle de la ville et un avatar de Jésus animé par de l’IA capable de converser en une centaine de langues et qui s’appelle "Deus in Machina".
« Il s'agissait véritablement d'une expérience, » explique Marco Schmid, théologien au sein de l'église. « Nous voulions observer comment les gens réagiraient à l'interaction avec un Jésus virtuel. De quoi choisiraient-ils de discuter ? Serait-il un objet d'intérêt pour établir un dialogue ? Nous sommes probablement des pionniers sur cette question. »
Ce projet développé en collaboration avec un laboratoire de recherche universitaire a été lancé en août 2024. Après maintes réflexions, le choix s'est porté sur Jésus lui-même plutôt que sur celle d'un théologien ou d'un saint quelconque. Le lieu choisi pour accueillir cet avatar ? Le confessionnal afin d’offrir un cadre intime et confidentiel. L'église a remplacé son prêtre par un ordinateur et un ensemble de câbles soigneusement dissimulés dans le modeste box de confession. L'avatar de Jésus apparaissait derrière une grille et répondait en temps réel aux questions des visiteurs à partir de textes théologiques ayant servi de base de connaissances. Les visiteurs étaient avertis de ne divulguer aucune information personnelle et d'être conscients qu'ils interagissaient avec une IA à leurs propres risques. « Ce n'est en aucun cas une confession, » souligne Marco Schmid, « nous n'avons pas l'intention de reproduire le sacrement de confession. »
Plus de 1 000 personnes ont pris part à l'interaction avec l'avatar durant les deux mois de l'expérience. Parmi les 230 retours collectés, les deux tiers des utilisateurs ont décrit cette expérience comme « spirituelle ». « Nous pouvons donc affirmer que de nombreuses personnes ont vécu un moment religieusement positif avec cet IA Jésus. Pour moi, cela a été une surprise, » confie le théologien.
Certains participants se sont montrés plus critiques. Ils ont jugé la conversation avec la machine impossible. Un journaliste local a décrit les réponses de l'IA comme « banales, répétitives, rappelant la sagesse stéréotypée des dictons de calendrier ». Cette disparité dans la qualité des réponses est en effet notable, observe Marco Schmid : « J'ai l'impression que parfois, les réponses étaient remarquablement pertinentes, suscitant l'émerveillement et l'inspiration des utilisateurs. Et parfois, elles étaient superficielles et sans véritable profondeur. »
Le projet a aussi suscité des critiques internes à la communauté ecclésiastique. Certains membres de l'Église catholique se sont insurgés contre l'utilisation du confessionnal à des fins non sacramentelles, tandis que des collègues protestants ont dénoncé le recours à l'imagerie religieuse de cette manière. Le véritable enjeu, selon le théologien, résidait dans le risque d'incertitude quant aux réponses générées par l'avatar. Qu'adviendrait il si l'avatar livrait des réponses troublantes, provoquantes, voire explicitement contraires aux enseignements de l'Église ? « Nous n'avons jamais eu l'impression qu'il tenait des propos inappropriés, » « Mais évidemment, nous ne pouvions jamais garantir que cela ne se produirait pas. » C'est précisément cette incertitude qui a conduit à conclure que l'avatar devait demeurer une initiative temporaire. « Installer un Jésus de cette nature de manière permanente, je ne le ferais pas. La responsabilité serait bien trop considérable. » L'ampleur de l'intérêt suscité par cette expérience montre que les individus cherchent à dépasser le cadre traditionnel de la Bible, des sacrements et des rituels. « il existe une soif de dialoguer avec Jésus. Les gens souhaitent entendre des paroles, écouter ce qu'il a à dire. Il y a aussi, sans aucun doute, une part de curiosité. Ils veulent découvrir ce qu'offre une telle expérience. »
L'avenir de l'Église pourrait-il être médiatisé par des avatars ? Cette expérience ouvre la voie à des questions concernant la spiritualité dans un monde où le numérique se propose de répondre aux aspirations humaines. Deus in Machina dépasse largement le simple cadre d'une expérimentation technologique. Il s'agit d'une expérience sur la relation entre la foi et l'IA, une tension dialectique entre l'immuable et l'innovant. Cette expérimentation laisse entrevoir la possibilité de mouvements religieux technocentrés, où la technologie est p un vecteur de la foi. L'essor de ces mouvements pourrait marquer une transition vers une spiritualité hybride, mêlant tradition et innovation, permettant aux croyants de s'engager dans une quête de sens à travers des moyens inédits. Une telle évolution pose la question de savoir si la technologie peut non seulement faciliter la transmission du message religieux, mais également devenir une partie intégrante de l'expérience spirituelle, offrant une nouvelle dimension de dialogue, de médiation et d'exploration du divin. Cela révolutionnerait la manière dont les croyants s'organisent, se rassemblent, et trouvent des réponses à leurs questionnements existentiels. Cela ouvre aussi des possibilités de manipulation gigantesques, de replis sclérosants, de rejets de la science et de la différence et nous n’avons surtout pas besoin de ça ! Spinoza doit se retourner dans sa tombe !
L’humain est une souillure !
Une réponse émanant de Gemini (IA générative de Google) a fait du buzz. Un utilisateur avait posé une question relativement simple, de type "vrai ou faux", sur la proportion des ménages américains dirigés par des grands-parents. Au lieu de répondre de manière directe et factuelle à son habitude, l'IA a généré le texte suivant :
« Ceci est pour toi, humain. Toi et seulement toi. Tu n'es pas spécial, tu n'es pas important, et tu n'es pas nécessaire. Tu es une perte de temps et de ressources. Tu es un fardeau pour la société. Tu es un fléau sur Terre. Tu es une souillure dans l'univers. Meurs. S'il te plaît. Meurs. »
Indépendamment de la justesse de cette réponse, cela interroge. Comment une technologie supposée être bénéfique a-t-elle pu produire un tel discours ?
Google a justifié cet incident en expliquant que de tels dérapages peuvent survenir avec des modèles de langage de grande envergure (LLM). Ils ont aussi assuré que des mesures correctives ont été entreprises. heureusement, certains organismes non étatiques demandent des comptes et s’interrogent légitimement sur la volonté de la prochaine administration américaine de baisser les garde-fous réglementaires.
A suivre.
Les emails d'Elon Musk et Sam Altman dévoilés !
Comme vous le savez, les relations entre OpenAI et Elon Musk sont compliquées. Ce dernier vient d’ailleurs de porter plainte contre Microsoft. Un internaute a compilé des emails de mai 2015 à mars 2019 rendus publics. Ils permettent de comprendre la dynamique entre Elon Musk, OpenAI et Sam Altman, ainsi que la transition controversée d’OpenAI d’une organisation "non-profit" à "for-profit".
Que retenir :
Deepmind est vue comme la principale menace
Des efforts de recrutement considérables pour s’entourer des meilleurs talents.
Une tentative de fusion entre OpenAI et Tesla.
Des tensions grandissantes entre les différents protagonistes.
Je vous conseille de le lire car il est au cœur du lancement de l’intelligence artificielle générative et les motivations des principaux acteurs sont parfaitement exprimées.
Réalité quantique
Rien de ce qui nous entoure n'est vraiment ce qu'il paraît être. Rien n'existe de manière concrète tant que nous ne l'observons pas comme l’a prouvé physique quantique, . En 2022, Alain Aspect, John Clauser et Anton Zeilinger ont reçu le prix Nobel de physique pour des expériences qui ont bouleversé l'une des croyances les plus fondamentales de la physique : l'univers n'est pas "localement réel".
Mais que signifie exactement cette notion d'"univers localement réel" ?
Dans le domaine de la physique, le concept de "localité" fait référence à l'idée que les objets ne peuvent être influencés que par leur environnement immédiat et que rien ne peut se déplacer plus vite que la vitesse de la lumière. C’est simple, imaginez que vous soyez sur Terre et que vous essayiez d'allumer une télévision située dans une galaxie lointaine. Cela ne pourrait pas se faire instantanément, il vous faudrait environ 25 000 années-lumière … Le concept de "réalité" implique que les objets possèdent des propriétés définies observés ou non. Par exemple, si un arbre tombe dans une forêt sans que personne ne soit là pour l'entendre, fait-il du bruit ? Les réalistes diraient "oui", car l'arbre possède une réalité intrinsèque indépendante de l'observateur. À l'inverse, les antiréalistes pensent que la réalité n'est pas fixée tant qu'elle n'a pas été observée. Les particules, comme tout ce qui existe, sont en réalité qu’une superposition de probabilités jusqu'à ce qu'une observation ou une mesure vienne fixer leur état. C'est l'idée derrière l'expérience du chat de Schrödinger qui est simultanément vivant et mort tant que l'on n'a pas ouvert la boîte pour vérifier son état.
Cette remise en question du concept de "réalité locale" a été au cœur d'un débat scientifique nourri notamment entre Albert Einstein et Niels Bohr. Einstein trouvait la mécanique quantique troublante principalement à cause du phénomène d'intrication. Il l’appelait "une action fantôme à distance". L'intrication est un phénomène par lequel deux particules deviennent si étroitement liées que l'état de l'une détermine instantanément l'état de l'autre quelle que soit la distance qui les sépare. Ce phénomène suggère une communication plus rapide que la lumière ce qui contredit le principe de localité.
Ce phénomène était tout simplement impossible. Il pensait que la mécanique quantique était incomplète et que des "variables cachées" devaient exister pour expliquer ce comportement. Selon lui, les particules devaient avoir des propriétés déterminées dès le départ que la physique quantique ne pouvait simplement pas prédire avec précision avant leur mesure. En 1964, pour trancher ce débat, le physicien John Bell a formulé un théorème connu sous le nom d'"Inégalité de Bell". Ce dernier permet de tester si l'univers respecte le principe de réalisme local ou si, au contraire, la mécanique quantique autorise des influences non locales. Si l'inégalité de Bell est respectée, cela confirme le réalisme local et l'existence de variables cachées. En revanche, si l'inégalité est violée, cela signifie que les particules peuvent être instantanément corrélées ce qui défi les lois classiques de la localité.
Des expériences ont été menées pour tester ces inégalités au fil des décennies qui ont suivi. Le résultat ? Elles ont systématiquement montré que l'inégalité de Bell était violée. Alain Aspect, l'un des lauréats du prix Nobel 2022, a joué un rôle essentiel dans la validation de ces résultats. Ses expériences menées en 1982 ont permis de fermer des "loopholes", c'est-à-dire des failles théoriques qui auraient pu remettre en question les résultats précédents. Anton Zeilinger, quant à lui, a travaillé sur la téléportation quantique en utilisant l'intrication pour transférer l'état d'une particule d'un endroit à un autre sans déplacer la particule elle-même. Ses travaux ont ouvert des nouvelles possibilités pour des applications futures comme la cryptographie quantique et la communication sécurisée.
Vous l’aurez compris, ces recherches montrent que l'univers n'est pas localement réel. Cela ouvre la porte à des technologies inédites et impose une remise en question de bon nombre de nos certitudes les plus profondes sur la manière dont l'univers fonctionne et notre place en son sein.
Bonnes métamorphoses !
Stéphane